Dossier Samuel Mbemba : Un Ministre n’est pas un Technicien, mais un Décideur ! [TRIBUNE]

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Chers compatriotes,

Notre Nation traverse une période décisive pour son secteur de la justice, et pourtant, une polémique stérile vient polluer le débat public. Depuis la démission du Ministre d’État, Ministre de la Justice, Me Constant Mutamba, l’intérim de ce portefeuille stratégique est assuré par le Vice-ministre Samuel Mbemba. Aussitôt, des détracteurs mal intentionnés ont brandi une arme usée : l’absence de preuve d’un Master en droit obtenu à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

Or, la nomination d’un Ministre ou d’un Vice-ministre, en RDC comme ailleurs, n’est pas un casting pour un poste de juriste stagiaire. Un Gouvernement n’est pas une officine technique, mais une équipe politique chargée de porter une vision, de trancher des priorités et de mobiliser des expertises. Exiger d’un Ministre de la Justice qu’il brandisse un diplôme de droit, c’est méconnaître la nature même de sa fonction. Partout dans le monde, des non-juristes ont dirigé des Ministères de la Justice, prouvant que la compétence ministérielle repose sur le leadership, non sur un parchemin.

En France, sous la 5ème République, Alain Peyrefitte (1977–1981), énarque sans formation juridique, a marqué son époque par des réformes audacieuses en politique pénale. Jean Lecanuet (1974–1976), philosophe de formation, a su piloter le Ministère grâce à son sens politique aiguisé. Gérald Darmanin, Ministre de la Justice depuis 2024, diplômé de Sciences Po Lille, s’appuie sur son expérience administrative, non sur un diplôme de droit, pour gérer ce portefeuille complexe. Ailleurs, les exemples pullulent. Au Royaume-Uni, Chris Grayling (2012–2015), historien de formation, a conduit des réformes judiciaires malgré les controverses, prouvant qu’un Ministre décide, là où les techniciens exécutent.

Ces exemples illustrent une vérité implacable : un Ministre de la Justice n’est pas un scribe chargé de rédiger des lois, mais un stratège qui fixe le cap, un décideur. Il s’entoure d’experts – magistrats, avocats, conseillers – pour traduire sa vision en réalité. Exiger un diplôme spécifique, c’est réduire un rôle politique à une fonction bureaucratique. Personne n’attend d’un Ministre de la Santé qu’il soit chirurgien, ni d’un Ministre de la Défense qu’il soit général.

Les attaques contre Samuel Mbemba, qui mettent en doute un Master à l’ULB, sont une diversion. Me Mbemba Kabuya, avocat de profession, n’a nul besoin d’un diplôme belge pour prouver sa valeur. Son parcours est une réponse suffisante à ses détracteurs. Élu à deux reprises député de Kinshasa/Lukunga, il porte la voix du peuple congolais avec une légitimité incontestable. Ses succès dans les dossiers de droit international, où il a défendu les intérêts de la RDC témoignent de sa maîtrise des enjeux stratégiques. Négocier avec des partenaires étrangers, protéger la souveraineté nationale, naviguer dans des contentieux complexes : voilà des compétences qui transcendent les salles de cours et que Mbemba possède à l’évidence.

Cette polémique, amplifiée par la démission de l’ancien Garde des Sceaux, est d’autant plus indécente qu’elle ignore le rôle d’un Vice-ministre en intérim : garantir la continuité de l’État et poser les jalons de réformes durables. Le Ministre d’État par interim n’est pas un novice parachuté ; il est un acteur clé du Ministère, déjà immergé dans ses dossiers. Sa mission est claire : assurer la continuité de l’action impulsée par Maître Constant Mutamba, en synergie avec les magistrats, avocats, services sous tutelle et partenaires internationaux. Il ne s’agit pas de réécrire le code pénal de ses mains, mais de fédérer les acteurs, de trancher avec clairvoyance et de porter une vision pour une justice au service du peuple.

Edouard Tshiama/ KAKULE

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