Affaire RDC-Rwanda : La Cour Africaine rendra son arrêt préliminaire le 26 juin prochain

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C’est une date qui pourrait marquer un tournant historique pour des millions de Congolais : le 26 juin prochain, la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) rendra enfin sa décision sur sa compétence et la recevabilité de la requête déposée par la République démocratique du Congo contre le Rwanda. Ce procès, bien plus qu’un affrontement judiciaire, est un cri de douleur porté par une nation meurtrie, un appel à la justice après trois décennies de souffrances, de pillages et de massacres.

À travers une correspondance officielle datée du 18 juin 2025, le greffe de la Cour a notifié aux deux États concernés la tenue de cette audience publique, prévue à 10h du matin, heure d’Arusha. C’est dans cette ville tanzanienne, devenue lieu de rendez-vous du droit africain, que la justice décidera si elle peut ou non se saisir d’un dossier aussi chargé politiquement qu’humainement.

Une bataille d’arguments et de mémoire

Les 12 et 13 février derniers, Kinshasa et Kigali ont eu l’opportunité de défendre leurs positions devant la Cour. Les avocats du Rwanda, fidèles à leur ligne, ont tenté de faire barrage à la recevabilité de la plainte congolaise. Selon eux, la RDC aurait fondés les voies habituelles de règlement des conflits régionaux. Pire encore, affirment-ils, de nombreuses preuves avancées par la partie congolaise ne seraient que des informations « non vérifiées », puisées dans les médias. Kigali plaide aussi pour un report, arguant d’un litige encore pendant devant la Cour de justice de l’EAC.

Face à ces contre-attaques, la République démocratique du Congo a choisi de faire parler les faits. Témoignages, rapports d’ONG, récits de survivants, la défense congolaise a dressé un portrait sombre des violences subies par ses populations depuis près de 30 ans : villages rasés, femmes violées, minerais arrachés à la terre dans le sang. Des défenseurs des droits humains venus du Congo étaient même présents, comme témoins vivants de cette longue hémorragie.

Au-delà du droit, une question de dignité

Le cœur du débat ne repose pas seulement sur des procédures. Il bat au rythme de l’histoire tragique de l’Est congolais. Kinshasa l’a bien compris : en saisissant la Cour africaine, elle espère non seulement faire reconnaître une responsabilité étatique dans les atrocités endurées, mais aussi redonner une voix aux victimes oubliées.

Ce 26 juin 2025, la salle d’audience d’Arusha ne sera pas seulement le théâtre d’un débat juridique. Ce aussi l’occasion pour établir les faits d’un continent en quête de vérité. Quelle que soit l’issue, la décision de la CADHP fera date. Pour Kinshasa, pour Kigali, mais surtout pour les innombrables victimes de cette guerre sans nom, cette guerre qui ne dit pas son nom depuis trop longtemps.

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