Ce qui va de soi, va toujours mieux en le (re)disant. Afin de permettre aux populations et autorités du Grand Nord-Kivu d’être au faîte de l’apport de la MONUSCO dans le processus de retour de la paix en RDC, mais aussi de tordre le cou à certaines idées reçues, le Bureau de Beni a lancé ce mardi 3 septembre une campagne de sensibilisation des différentes couches sociales dans la région, en collaboration avec l’Inspection Provinciale de la Territoriale et de la Mairie de la Beni.
Sont ciblées par cette campagne qui va durer un mois à travers les territoires de Beni et de Lubero, les villes de Beni et Butembo : les autorités politico-administratives, les institutions étatiques, les forces de sécurité et de défense, les acteurs de la société civile, y compris des organisations de femmes, jeunes et des journalistes. La campagne va porter sur la paix et la stabilisation, le mandat de la Monusco et le nouveau contexte de sa mise en œuvre, toujours en appui aux autorités et partenaires.
Car, pour la MONUSCO, « la collaboration aussi bien des populations, des autorités et des acteurs de la société civile est cruciale pour atteindre de meilleurs résultats », affirme Abdourahamane Ganda, le chef du sous-bureau de la MONUSCO à Beni.
De fait, sans cette collaboration des populations et des autorités, point de résultats tangibles. Deux exemples parmi les plus récents :
Il y a quelques jours, les casques bleus de la MONUSCO n’ont pas pu se déployer à Manguredjipa dans le Secteur des Bapere dans le territoire de Lubero, leurs convois ayant été bloqués par une frange de la population probablement mal informée ou alors manipulée. Ces convois se dirigeaient dans ce Secteur où des vies des innocents sont pourtant en péril.
Toujours dans la même région, nous avons assisté en juillet 2024 au meurtre de deux acteurs humanitaires, à la suite d’attaques contre leur convoi. A cause de cette attaque, des dizaines de milliers de personnes déplacées n’ont pas pu être assistées. Provoquant ainsi la mort en silence de ces personnes déplacées.
C’est de tout cela qu’il va être question tout au long de ce mois de septembre 2024, à Beni-ville, Mavivi, Eringeti, Mamove, Mangina, Butembo, Lubero-centre, Musienene, Mangurejipa…
Pour aider des citoyens comme Shukurani Munganga, le représentant de la jeunesse dans la commune de Bungulu, ville de Beni, à « mieux comprendre ce que fait la MONUSCO », car :
« Nous ne connaissons pas exactement la mission de la MONUSCO. Parfois, ils arrivent dans nos quartiers, sensibilisent les autorités, mais rarement nous les jeunes ou même les « gangiteurs » du milieu, vous savez ces jeunes gens parfois drogués et manipulés, qui posent souvent des problèmes. Beaucoup de jeunes sont dans l’ignorance, ce qui fait que quand il y a passage d’un convoi de la MONUSCO, certains lui jettent des cailloux et ça crée de l’insécurité dans la ville », déclare-t-il.
Comme lui, ils sont effectivement nombreux, à se demander « à quoi sert la MONUSCO ? », face aux attaques de civils qui continuent dans la partie Est du pays par exemple.
La Résolution 2717 du Conseil de sécurité des Nations unies est pourtant claire : « C‘est au Gouvernement congolais qu’il incombe au premier chef de protéger les populations civiles se trouvant sur son territoire et relevant de sa juridiction, y compris contre les crimes internationaux ». Les autres institutions, y compris la Monusco, viennent en appui.
Aussi bien la MONUSCO que les acteurs humanitaires présents au pays, sont là pour un seul but : sauver des vies, et aider les autorités en mettre en place des politiques en faveur de l’éducation, de la santé, des libertés individuelles, des droits humains, de la promotion des femmes, etc.
Or, à cause de la désinformation et de la manipulation, mais aussi de l’ignorance de certaines populations, tous ces blocages et attaques contre la Monusco et les acteurs de protection ont malheureusement un impact négatif sur la paix et le développement de la région.
Jeanne-d’Arc Kayavia est membre de l’association des personnes vivant avec handicap dans la ville de Beni. Elle dit sa joie d’avoir été associée à cette sensibilisation qui lui a permis de comprendre un peu le rôle de la MONUSCO :
« C’est la première fois que je participe à une activité de la MONUSCO. Grâce à cette formation, j’ai appris que tout ce qu’on dit sur la MONUSCO n’est pas vrai, je viens de sortir de l’ignorance, la MONUSCO n’est pas ce que l’on dit, ce sont des personnes comme nous, qui sont là pour nous aider. Je demande à la population de ne pas se fier aux fausses informations qu’on raconte sur la MONUSCO et qui sont ramassées par-ci, par-là ».
Pour rappel, la MONUSCO est présente dans le pays à l’invitation du Gouvernement congolais. Elle accomplit sa mission dans le cadre fixé par le mandat qui est discuté entre le Gouvernement congolais et le Conseil de Sécurité des Nations Unies.
Le mandat actuel de la Monusco est encadré, pour une année, par la Résolution 2717 du 20 décembre 2023. Cette résolution demande à la Monusco :
- De soutenir la protection des populations civiles menacées de violences physiques, en prenant toutes les mesures nécessaires pour assurer une protection efficace, rapide, dynamique et intégrée;
- De soutenir le Désarmement, la démobilisation, la réintégration et la stabilisation;
- De soutenir la Réforme du Secteur de la Sécurité.
Cell de Comm de la Monusco
La Rédaction
