Les casques bleus (tanzaniens) de la MONUSCO leur avaient montré le chemin, ils l’ont emprunté. Une centaine de jeunes des quartiers Nzuma et Matembo de la ville de Beni (Nord-Kivu), se sont réunis le samedi 31 août 2024, pour une sorte de thérapie de groupe. Ces deux quartiers sont en effet réputés pour être des « coins chauds » de la ville, où l’insécurité fait des ravages. Vols de produits champêtres, incursions nocturnes d’hommes armés souvent non identifiés, vols, cambriolages, agressions physiques, etc.
« C’est à cause de cette situation qui dure depuis 2014, que nous avons convoqué la réunion de ce samedi. Les relations entre les hommes en uniformes et les civils ne sont pas bonnes dans notre zone. Rien qu’au cours du mois d’août qui s’achève, nous avons enregistré plus de 3 cas de violences perpétrées par des hommes en uniformes qui abusent des fillettes de 13 à 15 ans. Nous déplorons des cas de vol nocturne au cours desquels des motos et biens de valeur de la population sont emportés par des hommes armés, dont certains portent l’uniforme de l’armée. A côté de cela, nous avons des cas de vol de produits agricoles, notamment du cacao, du manioc, du mais, de la patate douce, etc. La population ici, vit la peur au ventre, et avec l’avancée des rebelles du M23, les gens sont inquiets », explique Josue Kapisa, le chef du quartier Nzuma.
En juin 2024, dans le cadre de leurs actions en faveur de la paix et de la sécurité dans la région, les casques bleus (tanzaniens) de la MONUSCO avaient initié une série de sensibilisations de la jeunesse dans ces deux quartiers de la ville de Beni. L’objectif était de rechercher leur participation active au processus du retour de la paix et promouvoir le « vivre-ensemble » à travers des comportements positifs et discours constructifs, loin de la désinformation, des discours de haine et des antivaleurs (vol, criminalité, communautarisme, collaboration avec les groupes armés…). Ainsi, une fois par semaine, les casques bleus réunissaient ces jeunes pour discuter de la paix, de ses dividendes et de la place des jeunes dans son long processus.
« C’était dans le cadre de ce qu’ils appellent Urafiki meeting, rapprochement en Swahili. Au cours de ces séances, les casques bleus nous expliquaient comment ils travaillent, quel est leur mandat, qu’est-ce-qu’ils attendent de la population…. Ils nous invitaient aussi à toujours faire appel aux services de sécurité, ou à eux, à travers un numéro vert [09 70 06 34 32] des Assistants de liaison communautaire de la MONUSCO, pour donner chaque fois des alertes en cas de problèmes dans la communauté », poursuit Josué Kapisa.
Mais ke samedi 31 août, ce sont ces jeunes eux-mêmes, qui ont pris l’initiative de se retrouver entre eux, pour réfléchir aux voies et moyens, sinon, de mettre fin à l’insécurité quasi-chronique dans leurs entités, du moins à contenir celle-ci afin de permettre le développement de la région.
Parmi les stratégies et engagements pris, figurent notamment la surveillance mutuelle, le non-recours à la justice populaire, la dénonciation systématique de tous mouvements et individus suspects dans ces deux quartiers. Ces jeunes ont par ailleurs demandé aux services de sécurité de prendre en considération toutes les alertes sécuritaires remontées par la population : ce qui selon eux, n’a pas toujours été le cas dans le passé.
« Nous aurons à nous rencontrer régulièrement pour faire le suivi de ces recommandations. Nous demandons à la MONUSCO de reprendre avec ces rencontres qui nous permettaient de discuter des questions de sécurité. Car la MONUSCO reste un partenaire majeur dans la recherche des voies et moyens en vue d’une paix durable dans notre entité », conclut le chef du quartier Nzuma, Josue Kapisa.
Signalons que les quartiers Nzuma et Matembo sont deux régions de la ville de Beni où la population vit d’agriculture. Principalement de cacao, de la banane plantain, de haricot, maïs, patate douce…ou encore d’huile de palme.
(Cell de Comm Monusco Beni)
Alex Diya
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